9 novembre : Parc National de l’Hortobágy
11 novembre : Eger

169683 km : Nous quittons les grands espaces de la Puszta pour nous diriger vers Tokaj. Petite précision : le j en hongrois se prononce comme un y et c’est donc bien vers Tokay et son vin éponyme que nous nous dirigeons 😉

Au bout d’une trentaine de kilomètres, une surprise nous attend… la route s’arrête et il faut prendre un bac pour se rendre l’autre côté ! Pas sûr que nous puissions le prendre… Renseignements pris auprès du responsable, le bac supporte 16 tonnes et nous, nous en faisons un peu moins de 14… ouf 😰 !

Nous serons deux véhicules pour la traversée. Il faut dire qu’une fois que nous sommes montés sur le bac, il ne reste plus beaucoup de places pour d’autres véhicules, ni de charge admissible…

Nous avons pris un bac à aube ! C’est une roue â aube qui fait avancer le bac guidé par un câble immergé. C’est lent mais efficace 😜 Une ancre est prête à être jetée en cas de rupture du câble.

L’installation qui assure le fonctionnement : moteur – embrayage – réducteur coudé. Un peu vétuste mais, ça marche ! (derrière la fenêtre on aperçoit la roue à aubes)

Et nous voilà arrivés de l’autre côté.

Petite halte dans la petite ville de Mád pour visiter la synagogue. Construite en 1795 dans un style baroque, c’est l’une des plus belles synagogues de Hongrie. La communauté juive de Mád ayant été presque entièrement décimée dans les camps de concentration, la synagogue a été laissée à l’abandon. Grâce à des mécènes américains des travaux de rénovation ont été entrepris en 2004.

Nous poursuivons notre route et nous apercevons les premiers vignobles de Tokaj. La région viticole de Tokaj s’est formée à l’endroit où la grande plaine hongroise rencontre les montagnes du Zempien et s’étend sur 5 600 hectares sur les pentes volcaniques sud des collines du Zemplén, au confluent de deux rivières, la Tisza et le Bodrog.

La région viticole, officiellement appelée Tokaj-Hegyalja, a été déclarée site du patrimoine mondial de l’Unesco en 2002. Productrice des plus anciens vins botrytisés au monde, elle possède un certain nombre d’atouts incomparables au niveau de son sol et de son microclimat : sol argileux ou lœss sur sous-sol volcanique, microclimat déterminé par les pentes ensoleillées exposées au sud et la proximité des rivières Tisza et Bodrog, conditions propices à la prolifération du Botrytis Cinerea (pourriture noble) et au flétrissement ultérieur des raisins qui conduit au développement de l’Aszú. Le terme Aszú signifie que les raisins doivent être touchés par le botrytis.

La qualité du millésime est largement déterminée par les automnes ensoleillés, lorsque les journées chaudes succèdent aux nuits glaciales d’octobre. Ce contraste offre les conditions propices à l’apparition de la moisissure Botrytis Cinerea dans le raisin en cours de maturation, et son action bénéfique contribue au développement des baies de Tokay Aszú. Le jus des baies se concentre et la saveur et l’arôme distinctif de l’Aszú naissent. À la fin de l’automne, les baies d’Aszú sont cueillies à la main individuellement dans la grappe, avec beaucoup de savoir-faire et de patience. Les vins doux Tokay sont élaborés à partir de ces baies uniques.

Les effets de l’activité volcanique passée ne doivent pas être sous-estimés. Le sous-sol est en grande partie constitué de tuf volcanique, avec de légères variations d’un vignoble à l’autre, mais toujours avec une minéralité incroyablement riche. Les racines s’enfoncent profondément dans la roche volcanique de base, conférant une touche typiquement minérale aux vins de Tokaj. La couche arable est principalement constituée de loess au sud, ainsi qu’autour de la colline de Tokaj, tandis qu’elle se transforme principalement en argile au nord. Mais à mesure que l’on diminue les pentes du vignoble, le sol devient progressivement moins profond, jusqu’à ce qu’il ne reste presque plus que le tuf volcanique nu pour nourrir les vignes.

Avant d’arriver à Tokaj, nous nous arrêtons visiter le château de Boldogkö. Perché sur un piton rocheux, il date du 13ème siècle, après l’invasion mongole. La forteresse a été conçue avec une tourelle intérieure afin de défendre la route de Košice et de la vallée de Hernad.

Les remparts sont impressionnants.

Une jolie passerelle construite le long de la crête tranchante appelée « rocher du lion » nous emmène au bout du piton rocheux.

Elle offre un splendide panorama.

Dans le château figure un moulin constitué d’une grosse roue en bois à l’intérieur de laquelle une ou deux personnes (supposition personnelle) devaient marcher. Un astucieux système de renvoi à 90° entièrement en bois assurait la rotation de la meule de pierre à l’étage supérieur.

La salle de banquet est joliment restaurée,

ainsi que la cuisine attenante.

La chambre à coucher avec son très joli poêle.

La salle des armures.

La maquette du château au 13ème siècle nous permet de nous rendre compte de sa conception originelle avec 2 tours carrées, une tour ronde et une tour triangulaire moins habituelle.

Cette passerelle de 100 m a été aménagée le long de la cour intérieure. Elle offre de splendides vues à travers les meurtrières au nord et à l’ouest.

Le château ferme à 16h… la nuit ou presque 😁 ! Nous profiterons d’un bel éclairage du château.

Et c’est reparti vers Tokaj. La route défile devant les phares du camion.

Nous arrivons à Tokaj vers 17h. Nous nous posons rapidement à notre bivouac et nous partons aussitôt visiter la cave à vin Himesudvar Picésznet. Elle ferme à 18 heures… il ne faut pas trop trainer😁. Nous ferons une petite dégustation de vin en passant du sec, au demi-sec, au moelleux, et au très moelleux ! Il est important de se faire un avis 🤣 et comme nous ne roulons plus, on peut déguster sans risque… Le très moelleux et le sec ne nous ont pas séduit. Notre choix s’est ainsi porté sur le Tokaj traditionnel (moelleux) et le Tokaj demi-sec 😇.

Six cépages sont utilisés dans la fabrication du Tokaj :

Le Furmint (69%) est la variété la plus répandue et la plus importante de la région, même si ses origines restent inconnues. Étant donné que le Furmint est cultivé dans la région depuis au moins aussi longtemps que les vins d’Aszú sont produits, il est certainement juste de le qualifier de cépage indigène. La vigne Furmint est vigoureuse, produisant des baies de taille moyenne en grappes serrées. De maturation tardive, elles sont laissées sur vigne jusqu’à la deuxième quinzaine d’octobre, apportant une forte concentration en sucre tout en préservant une forte acidité et surtout particulièrement sensible au botrytis. Ce vin souvent corsé et riche en alcool possède une acidité caractéristique et une excellente structure. Il s’accorde bien avec le bois neuf, et comme il mûrit rapidement, il développe un nez miellé et cireux.

Le Harslevelű (19,5%) est l’autre variété indigène clé de la région. Bien que le Hárslevelû soit aussi vigoureux que le Furmint, il est difficile pour le botrytis de l’attaquer les années les plus sèches car les baies pendent beaucoup plus librement sur les grappes et ont une peau plus épaisse. Malgré cela, lorsque l’automne est humide et pluvieux, le botrytis est moins susceptible de se transformer en pourriture indésirable tandis que le vin produit à partir de Hárslevelû est également plus aromatique que celui de Furmint. Généralement plus léger en corps, possédant une acidité équilibrée et un merveilleux bouquet de miel et de tilleul.

Sargamuskotaly (8%) Un cépage répandu dans de nombreux vignobles à travers l’Europe. Probablement la variété de Tokaj la plus aromatique avec un bel équilibre entre sucre et acidité. On l’appelle aussi Muscat (blanc) à petits grains, Muscat Lunel, Musdkat Zoti, Moscato Bianco, Zoruna, Gelber Muskateller, Muskat Zity.

Kõverszolő (1%) Cette variété indigène de Tokaj a presque entièrement disparu après l’épidémie de phylloxéra du 19ème siècle. Le Kövérszõl se caractérise par ses baies assez grosses, ce qu’implique également son nom, Kövérszõlo, qui se traduit par raisin gras. Il s’exprime à son optimum sur les pentes sèches et venteuses.

Zéta (2%) Le croisement de Furmint et Bouvier a été introduit en 1951 et autorisé en 1990 tandis que son ancien nom, Oremus, a été changé en Zeta en 1999. Son principal atout est une aptitude particulière aux fortes concentrations en sucre, une maturation précoce et une sensibilité au botrytis.

Kabar (0,5%) Le croisement du Hárslevelû et du Bouvier a été autorisé en 2006. D’un rendement relativement faible, il mûrit aussi vite que le Zeta, produit beaucoup de sucre et est sujet au botrytis. Grâce à sa peau épaisse, il résiste assez bien aux pluies de fin d’automne.

Voilà, vous savez tout sur le Tokaj 😊

Joli empilement de bouteilles. Pour la petite histoire : En 1703, Ferenc Rákóczi II, prince de Transvivanie, offrit à Louis XIV, roi de France, de nombreuses bouteilles de son domaine de Tokaj. Le Tokajia fut alors servi à la Cour de Versailles, où il devint connu et apprécié sous le nom de Tokay. C’est ainsi que les vins ont commencé à conquérir l’Europe et sont devenus la boisson préférée de Pierre le Grand, Catherine la Grande, Voltaire, Goethe et Schubert.

L’histoire de l’entreprise remonte à 1983. Nous ferons une visite de la cave où est conservé le vin, elle date du 16ème siècle. Les 3 hectares de vignes sont situés dans les vignobles Malomfeli et Nyulas. La vinification se fait à partir des grappes de raisin les plus mûres. Ils n’utilisent que 40 à 50 % du rendement maximum autorisé et vendangent très tardivement. Ils évitent depuis des années l’utilisation de produits chimiques puissants et n’utilisent pas du tout d’insecticides. En raison de la taille des vignobles et du processus de culture du raisin, certaines années, ils ne produisent que quelques centaines de bouteilles de vin pour un maximum de 20000 tout confondu annuellement. Toute la production tient dans 8 petites cuves dont 5 sont visibles sur la photo ci-dessous.

Nous voyant bien chargés (avec nos cartons 😉) pour rentrer à pied à notre bivouac, l’équipe s’organisera pour nous déposer en voiture au camion. Super et merci encore 🙏

9 novembre : Parc National de l’Hortobágy
11 novembre : Eger

4 Commentaires

  1. Anne-Laurence Poirson 12/11/2023 à 16:56- Répondre

    Comme vous appréciez les belles et bonnes choses, je ne peux que vous conseiller la visite de l’Abbaye de PannonHalma, en Hongrie. Nous l’avions visité en 2015 et avons beaucoup aimé la visite de l’abbaye très bien restaurée (avec des éléments contemporains), la bibliothèque majestueuse, des vignobles accueillants et un restaurant gastronomique.

    • Marc et Geneviève 12/11/2023 à 17:02- Répondre

      Merci pour l’information. C’est noté 😜 !

  2. Hazrd 12/11/2023 à 08:44- Répondre

    Beau reportage de la Hongrie qui nous rappelle quelques souvenirs, pour ma part, j’ai apprécié la culture, la gentillesse des Hongrois, dont une en particulier 🙂

    • Marc et Geneviève 14/11/2023 à 12:20- Répondre

      Merci JH. On découvre et pour le moment c’est très agréable effectivement. A bientôt

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