15 juillet : Dublin 3/5
17 juillet : Dublin 5/5

Ce matin, nous allons en prison ! Enfin, plus précisemment, nous allons visiter une prison : Kilmainham Gaol. Cette ancienne prison est un lieu de mémoire symbolisant l’oppression de l’occupant anglais et l’esprit de résistance irlandais.

Lorsqu’elle entre en activité en 1796, elle est appelée «Nouvelle prison», pour la différencier de l’ancienne, située dans un donjon non loin de là et qu’elle devait remplacer. Au cours des 128 ans où elle a servi, la prison de Kilmainham a tenu une place importante dans l’histoire de l’Irlande. Y ont été détenus non seulement des prisonniers de droit commun, hommes, femmes et enfants, mais aussi des prisonniers politiques de 1796 à 1924 dont les leaders de l’Insurrection de Pâques 1916 avant leurs exécutions.

Le tribunal où se jouait la vie ou la mort du prisonnier

Abandonnée durant de longues années, la prison a été restaurée à partir des années 1960 par un comité de bénévoles pour devenir, trente ans plus tard, un musée de l’histoire du nationalisme irlandais. Des visites guidées y sont organisées.

Bien qu’elle ait été moderne pour son époque, la partie la plus ancienne de la prison, dite aile ouest, est restée pendant ses cinquante premières années d’activité dépourvue de vitres aux fenêtres et de lumière. Vous pouvez vous imaginez les conditions de détention en plein hiver… Lieu de détention, c’est aussi un lieu d’exécution de la peine capitale et de déportation vers l’Australie. La dernière exécution publique par pendaison a lieu en 1865 et quelques 4 000 prisonniers y ont transité avant leur déportation au cours de la première moitié du XIXème siècle.

Deux trous dans la porte pour pouvoir voir les prisonniers. Le trou du bas servait pour voir les enfants…

« Méfiez-vous des ressuscités qui ont été harcelés et détenus, vous qui avez intimidé et soudoyé. »  Ces mots ont été écrits par Patrick Pearse qui a été exécuté en mai 1916 dans cette prison. Il était un des chefs de file de l’Insurrection de Pâques.

La chapelle qui accueillaient ceux qui souhaitaient se marier juste avant l’exécution du mari. Les femmes prisonnières n’étaient pas exécutées mais condamnées à la prison ou à la déportation.

La Grande Famine de 1845-1851 a conduit au surpeuplement de la prison, tant en raison de la recrudescence des vols de nourriture que parce qu’on pouvait ne pas y mourir de faim. C’est pourquoi, en 1861, la construction d’une nouvelle aile est décidée (dite «aile victorienne» ou «aile est»). Ouvert en 1864, ce nouveau bâtiment comprend 96 cellules réparties sur trois niveaux, chacune dotée d’une fenêtre.

Les conditions de détention au XIXème siècle, notamment des femmes et des enfants, étaient d’une cruauté sans nom.

La cour de promenade des hommes (une heure par jour, interdiction de parler et de s’arrêter de marcher en rond, obligation de ne regarder que les pieds du précédent) et dans le fond, la cour de promenade des enfants.

Beaucoup de leaders de la rébellion irlandaise ont été emprisonnés ici, et certains y ont même été exécutés. C’est notamment le cas des leaders des rébellions de 1798, 1803, 1848, 1867 puis de l’insurrection de Pâques 1916. Parmi ces derniers, 14 ont été fusillés entre le 3 et le 12 mai 1916, dont les principaux leaders du mouvement, Patrick Pearse, James Connolly et Joseph Plunkett. D’autres y ont été emprisonnés pendant la Guerre d’Indépendance (1919-1921) ainsi que pendant la Guerre Civile (1922-1923) : les 4 premières exécutions de prisonniers politiques Républicains par l’État libre d’Irlande auront lieu dans la cour de la prison. On pendait aussi beaucoup à Kilmainham : pour la seule année 1850, on a recensé 9052 pendaisons, soit près de 25 par jour…

La fin de la Guerre d’indépendance irlandaise qui dura de janvier 1919 à juillet 1921 est scellé par le traité de Londres signé le 6 décembre 1921 entre le gouvernement britannique (David Lloyd George, Premier Ministre et Winston Churchill, Secrétaire aux colonies) et les nationalistes irlandais (Arthur Griffith, chef de la délégation irlandaise et Michael Collins, chef officieux de l’Armée républicaine irlandaise). Ce traité stipule le départ d’Irlande des soldats britanniques et la reconnaissance d’un « État libre d’Irlande ».

Le traité admet aussi la partition de l’île en reconnaissant une région autonome d’Irlande du nord avec des droits spécifiques comme celui de quitter le nouvel État libre d’Irlande. Son acceptation est bien plus difficile en Irlande : Éamon de Valera s’oppose au traité défendu par Michael Collins et Arthur Griffith et qui n’est adopté que par 64 voix contre 57. Le 7 décembre 1922, en conformité avec les dispositions du traité, l’Irlande du Nord se sépare de l’État libre d’Irlande qui se réduit donc aux 26 comtés de l’Irlande du Sud.

S’en suivra une guerre civile entre les pro et anti-traité. Elle coûtera la vie à près de 4 000 Irlandais en moins d’un an et se conclut par la victoire de l’État libre d’Irlande.

La prison a été désaffectée en 1924, à la fin de la guerre civile, par l’État libre d’Irlande. Le dernier prisonnier à quitter la prison fut Eamon De Valera, considéré comme le père de la nation libre d’Irlande, qui devint ensuite le 3ème président de la République d’Irlande de 1959 à 1973.

Après un déjeuner rapide, nous allons découvrir le Château de Dublin. Il reste très peu de choses du château normand construit à l’emplacement d’un camp viking sous le roi Jean en 1204. Les bâtiments actuels datent pour l’essentiel des XVIIIème et XIXème siècle. Résidence des représentants de la Couronne britannique du Moyen Âge à 1922, le bâtiment accueille à présent les cérémonies officielles.

La Bedford tower date de 1761 et constitue un élément majeur de la cour du château de Dublin.

Il est possible d’accéder aux appartements d’état. Ceux-ci sont garnis d’un riche mobilier français de style régence et de lustres monumentaux en cristal irlandais. L’un des salons servit de prison au leader socialiste James Connolly, blessé lors de l’insurrection manquée de Pâques 1916 et exécuté quelques temps après à la prison de Kilmainham.

La salle d’apparat où le vice-roi d’Irlande donnait audience à ses courtisans.

Mais qu’est-ce qu’elle peut bien donc photographier ?

Ce beau lustre… qui n’est pas en cristal de Baccarat 😜

La Galerie des portraits des différents présidents irlandais. Depuis la Constitution de 1937, la République d’Irlande dispose d’un président de la République. Il est élu au suffrage universel pour un mandat de 7 ans renouvelable une fois.

Douglas Hyde fut le premier Président de la République d’Irlande. Il fut élu en 1938.

Le Président actuel s’appelle Michael D. Higgins. Il a été élu une première fois en 2011 et son mandat vient d’être renouvelé. Il s’agit du 9ème président élu démocratiquement.

La salle du Trône était le lieu central des cérémonies royales officielles. Au XIXème, cette pièce était également utilisée lors des prestations de serments des nouveaux maires de Dublin. Le Trône a été réalisé pour la venue du roi Georges IV en 1821. Le dernier monarque à l’avoir utilisé fut Georges V en 1911.

La salle à manger où les représentants de la Couronne britannique donnaient au XVIIIème siècle de fastueux dîners comprenant 36 plats différents.

La salle Saint Patrick, ancienne salle de bal décorée des 22 bannières de l’ancien ordre royal des chevaliers de Saint Patrick. Elle accueille aujourd’hui les cérémonies d’investiture des présidents de la République.

Ce tableau représente la cérémonie d’investiture de Mary McAleese pour son deuxième septennat en tant que 8ème présidente d’Irlande le 11 novembre 2004. En 2006, elle fut classée comme la 55ème femme la plus puissante au monde par le magazine Forbes.

Retour au bivouac par notre habituel bus à étage 👍😊

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