19 avril : Sarajevo 1/3

Sarajevo est la capitale et la plus grande ville de Bosnie-Herzégovin. Elle en est le centre politique, financier, social et culturel avec une influence régionale dans le divertissement, les médias, la mode et les arts.

En raison de sa longue histoire de diversité religieuse et culturelle, Sarajevo est parfois appelée la « Jérusalem de l’Europe » car les quatre grandes religions vivent ensemble et en harmonie dans un rayon de 150 m. C’est l’une des seules grandes villes européennes à avoir une église catholique, une église orthodoxe, une synagogue et une mosquée dans le même quartier.

La ville est considérée comme l’une des plus importantes villes des Balkans et son histoire est particulièrement riche depuis sa création par les Ottomans en 1461 et son passage sous la domination de l’Empire Austro-Hongrois de 1878 à 1914. La ville a été le théâtre de l’assassinat le 28 juin 1914 de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche, qui marqua le début de la Première Guerre mondiale.

Durant la guerre de Bosnie, Sarajevo a été assiégée du 5 avril 1992 au 29 février 1996. Le siège de Sarajevo fut le plus long siège d’une capitale dans l’histoire. Il a duré 3 fois plus longtemps que le siège de Stalingrad et un an de plus que celui de Leningrad. Le nombre de morts civils est estimé à 12 000 dont 1500 enfants. Les rapports indiquent une moyenne d’environ 329 impacts d’obus par jour pendant le siège avec un record de 3 777 impacts d’obus pour la seule journée du 22 juillet 1993.

En 2004, la majeure partie des dommages faits aux bâtiments pendant le siège étaient réparés et les ruines ainsi que les impacts de balles sont devenues plus rares. La ville retrouve petit à petit son charme d’antan et son surnom de « Sajarevo la Belle ». En octobre 2019, Sarajevo a été désignée ville créative de l’UNESCO pour placer la culture au centre de ses stratégies de développement et est l’une des dix-huit villes du cinéma au monde.

Après une nuit très calme, nous partons prendre le bus qui se trouve juste à côté du camping pour découvrir Sarajevo la Belle.

Notre arrêt de bus et notre premier balcon sans rambarde.

Pour nous rendre à Sarajevo, nous prenons le bus, le tramway et encore le bus. Le trajet dure environ 1h.

Le terminus du tramway est un grand espace vert au bout duquel un virage à 180° permet aux rames de repartir dans l’autre sens. C’est assez champêtre.

Notre première visite sera pour le musée national de Bosnie-et-Herzegovine. Imaginé dès 1850 par les Ottomans, il fut finalement construit en 1888 sous l’empire Austro-Hongrois. Il s’agit du plus grand musée du pays. Il s’étend sur 14 500 m2.

Le musée est doté d’un département Préhistoire,

Cette vitrine démontre par la quantité d’objets identiques retrouvés sur un même lieu l’existence d’un commerce d’outils.

Char votif du début de l’âge de fer d’une étonnante qualité artistique

Archéologie,

Histoire Naturelle,

Et Ethnologie présentant les modes de vies durant la période ottomane et la richesse artistique de cette période.

Nous sommes ensuite aller visiter une exposition consacrée au siège de Srebrenica à la galerie d’art 11/07/1995. Il s’agit d’une institution publique dédiée à la préservation de la mémoire de la tragédie de Srebrenica et des 8 372 hommes et adolescents bosniaques tués dans cette région au cours du mois de juillet 1995, durant la guerre de Bosnie-Herzégovine.

Dès le début de l’exposition, nous sommes émus par les photographies de toutes les victimes de ce massacre. Nous sommes envahis par la même émotion que celle que nous avions eu en visitant Yad Vashem à Jérusalem et la même incompréhension : comment des êtres humains peuvent-ils commettre de telles horreurs envers leurs semblables ? Malheureusement, la guerre en Ukraine nous rappelle que l’histoire, inexorablement, se répète…

Nous quittons cette exposition bouleversante et nous décidons de nous poser quelques instants dans la cathédrale du Sacré-Cœur. Malheureusement, elle est fermée. Nous essayerons plusieurs fois de nous y rendre durant notre séjour et toujours… sans succès ! Cette cathédrale catholique est un des symboles de la ville. Les papes Jean-Paul II et François y ont célébré la messe en 1997, en 2003 et en 2015. Construite à partir de 1884, elle a été consacrée en 1889. Le projet est né du premier archevêque nommé en Bosnie-et-Herzégovine depuis l’invasion ottomane au 14ème siècle, Joseph Štadler.

Sur le parvis se dresse une statue de Jean-Paul II qui fut le 1er chef d’État à reconnaître l’indépendance de la Bosnie-et-Herzégovine en 1992.

La mosquée Ali Pacha date du 16ème siècle. Elle est une des nombreuses mosquées de la ville.

Nous rentrons dans Baščaršija, le quartier ottoman. C’est le plus vieux quartier de Sarajevo. Il date du 15ème siècle.

La mosquée Gazi Husrev-Bey a été construite par Gazi Husrev-Bey, gouverneur de Bosnie de 1522 à 1544. Elle était réputée pour être l’une des plus belles mosquées des Balkans, et l’un des meilleurs exemples de l’héritage architectural ottoman. La mosquée a été gravement endommagée lors du siège de Sarajevo. En 1996, elle a été rénovée avec l’aide de capitaux saoudiens. La plus grande coupole atteint 13 m de diamètre et 26 m de hauteur tandis que le minaret s’élève à 45 m. Cette mosquée est le centre de la communauté sunnite de Bosnie-et-Herzégovine.

Bien que nous soyons en période de Ramadan, nous pourrons visiter la mosquée en dehors des prières.

C’est depuis ce « balcon » que le muezzin lance son appel à la prière qui sera retransmis à l’extérieur par les hauts-parleurs qui se trouvent en haut du minaret. Depuis l’escalier, il peut, pour certaines occasions, accéder au sommet du minaret.

Grâce à Sanaja rencontrée sur place, nous avons pu profiter d’une visite privilégiée.

En face de la mosquée, se trouve le musée Gazy Hüsrev-Bey. Etant fermé, nous ne pourrons pas le visiter.

Nous sommes frappés par ces plaques commémoratives. Elles concernent toutes des imams ou religieux musulmans décédés durant le siège de Sarajevo.

Une ambiance de souk…

La place Sebilj appelée aussi place des Pigeons est la partie centrale du vieux quartier Baščaršija. Autour de cette place, on trouve encore des maisons bosniaques et ottomanes construites en bois et en pierre. La fontaine Sebilj désigne le « chemin » par lequel arrivait l’eau mis gratuitement à la disposition des habitants. Elle date du 18ème siècle. C’est la seule fontaine de ce type subsistant à Sarajevo. Endommagée en 1992, elle fut entièrement rénovée en 2006.

Vijećnica (salle du Conseil) est le plus célèbre bâtiment de Sarajevo. Ce bâtiment massif de style mauresque fut construit entre 1891 et 1896 pour servir d’hôtel de ville. Il abrita à partir de 1910 le parlement de Bosnie-et-Herzégovine, institution créée suite à l’annexion officielle par l’Autriche-Hongrie en 1908. Il abrite aujourd’hui la bibliothèque nationale. Lors d’un grand incendie en 1992, le toit s’est effondré emportant dans les flammes plus d’un million de livres. Le bâtiment a été restauré en 2014.

C’est ici que l’Archiduc François-Joseph prononça son dernier discours le 28 juin 1914.

Quelques instants après avoir quitté Vijećnica, l’Archiduc et son épouse furent assassinés au niveau du pont Latin, derniers instants de paix d’une Europe qui va basculer dans la Première Guerre Mondiale.

Notre première journée de plongée dans l’histoire de Sarajevo s’achève. Nous décidons de retourner au camping en utilisant les mêmes modes de transport qu’à l’aller. Une petite nuance tout de même, depuis la gare du tram, nous prendrons le taxi pour retourner au camion… c’est plus rapide car il est déjà tard et peu onéreux (8€)